Parce qu’il fallait bien que ça rime. J’ai vaguement cherché une métaphore intelligente à base de chaise, mais tant pis, les métaphores intelligentes ce sera pour l’année prochaine. Voilà donc, ô chers lecteurs de passage qui se comptent sur les doigts d’une main, les news de cette année…
L’extension de Wiraqocha a l’air de plaire aux bienheureux qui la possèdent, si j’en crois les rares commentaires qu’on peut trouver sur le web. Ca fait plaisir. Même si aucune réimpression du jeu de base n’est prévue dans l’immédiat, Sit Down suit le jeu et a sorti un petit goodies pour Essen, quatre jetons et les règles associées, les Parchemins de Quezacoatl. Certes le jeu n’a pas réussi à se poser durablement parmi le flot incessant des sorties, mais je suis malgré tout fier de ce qu’on a fait avec Sit Down, dont c’était le premier jeu édité.
C’est toujours avec Sit Down que j’ai travaillé sur Sushi Dice, que j’ai déjà annoncé l’an dernier. J’ai eu du flair de ne pas donner de date de sortie, puisqu’il a été repoussé, encore et encore. Mais cette fois, c’est la bonne, il sort en début d’année prochaine, dans une version réellement accessible et familiale, avec un packaging superbement illustré par Maud Chalmel. La distribution s’annonce excellente, et vu l’hystérie qu’il provoque autour d’une table en festival, je lui prédis un bel avenir.
A part ça, je n’ai pas chômé cette année, pas mal de protos sont sortis du chapeau – parfois pour y retourner immédiatement, ne le cachons pas – et certains font leur bout de chemin. J’ai un jeu abstrait pour la famille auquel je crois énormément, nommé provisoirement Crabz. J’ai eu la chance de rencontrer à Essen un éditeur qui croit autant que moi au potentiel de ce jeu, le prototype est donc entre de bonnes mains, pour une possible parution en 2015 (mais bien sûr, il ne faut jamais tuer la peau de l’ours – ce ne serait pas la première fois qu’un éditeur enthousiaste ne transforme pas l’essai).
J’ai aussi un petit jeu stupide mais efficace qui a éclos, à base de jetons uniquement, et à ma grande surprise c’est un jeu d’observation/ rapidité où c’est le bordel; c’est une surprise parce que je pratique peu ce genre de jeux, et du coup je n’en crée jamais. Il aura fallu que je me plante en beauté en voulant faire un jeu abstrait avec des formes et des couleurs, et que je fasse joujou avec les jetons en marmonnant des malédictions et des insultes pour que ça devienne un bon petit jeu familial rigolo. Une demi douzaine d’éditeurs rencontrés à Essen m’en ont demandé un proto, avec un peu de chance y en a au moins un qui va me le prendre…
Enfin, j’ai un autre projet finalisé et plein de bonnes choses : Uma-Jirushi, un jeu de conquête sur une base abstraite de jeu d’empilement. Je l’avais présenté à Cannes en tant que Medusa, avec une esthétique bien plus familiale de poulpes roses, mais finalement celle ci n’était pas vraiment adaptée au public cible. C’est clairement un jeu de gamers, voire « familial + » comme ça se dit maintenant, les règles tenant sur une feuille A4. M’enfin ça reste du combinatoire abstrait, avec du « pan dans ta tête je conquiers ton territoire que tu l’avais pas vu venir, et hop je gagne avec 12 points de victoire », donc pas vraiment sortable pour un public familial. Reste à le placer chez un éditeur adapté, ce qui n’est pas une mince affaire.
J’ai aussi un jeu de pitch avec des ninjas et des dés gravés, un jeu d’enchères verbales pas forcément brillant mais qui fonctionne bien, ainsi qu’un jeu de dés de majorité et de connexions à mon avis trop cher à produire. Un jeu minimaliste avec du bluff dedans, et un jeu abstrait « à la Qwirkle » qui demandent encore du travail pour que j’en sois vraiment satisfait. Tous ces projets sont difficiles à placer, et ils risquent de rester dans ma musette pendant encore quelques temps. Malgré tout je n’ai pas de regrets : faire l’expérience de ce genre de designs et les mener à terme, c’est déjà quelque chose, quand je vois tous les protos bancals qui ont été créés puis remisés dans un carton au cours des années précédentes. Un constat sur l’année écoulée : depuis Wiraqocha, je n’ai fait que des « petits » jeux, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, par manque de temps et de patience, par volonté d’aboutir plusieurs projets plus simples plutôt que de me consumer sur l’équilibrage d’un « gros » jeu. Ensuite, en tant que joueur j’ai de moins en moins le goût des jeux complexes. J’y joue encore avec plaisir, mais je suis bien plus fasciné par la pureté des jeux abstraits et des vrais, bons jeux astucieux pas forcément abstraits, mais qui savent distiller de bonnes sensations de jeux et raconter une histoire avec seulement une ou deux pages de règles. Je m’aperçois que la simulation, Graal du rôliste que je fus (et reste encore, même si je joue peu depuis que je suis sur Rennes), n’est finalement pas un but en soit, bien au contraire. L’immersion peut passer par une autre alchimie que par l’ajout de règles destinées uniquement à renforcer la thématique. Sur ces bonnes paroles dogmatiques (ça rime encore !), je m’en vais fabriquer 300 jetons cartonnés de 40mm, et vous dit à l’année prochaine. 😉