Noxford est le second jeu en collaboration avec Maud Chalmel et Didier Dincher de Capsicum Games. A la sortie de Siggil, on s’est dit comme ça autour d’une bière – ou plutôt Didier m’a commissionné, encore une fois – qu’on ferait bien un second jeu ensemble. Un espèce de « Siggil 2 » sans le nommer, et bien sur différent, tout en restant dans la même gamme en termes de matériel et d’accessibilité.
Evidemment, Didier avait des envies particulières en ce qui concerne le jeu ; contraintes que, pour la plupart, je n’ai pas pu respecter. Si j’ai pu rester dans la même gamme de matériel, force est de constater que Noxford est plutôt destiné à un public un peu plus adulte – ou « joueur » – que Siggil, qui lui peut être joué réellement par un public très large. Les règles ne sont pas beaucoup plus longues, ni plus compliquées, mais le jeu est d’évidence plus calculatoire, et surtout bien plus méchant.
Là où Siggil commençait sur un agencement complexe mais esthétiquement agréable des cartes du jeu, Noxford tente de produire l’inverse : le jeu commence avec deux cartes adjacentes, et se construit au fur et à mesure du jeu, pour donner un agencement asymétrique et coloré des cartes.
Noxford est un jeu de placement/majorité qui prend place dans le décor d’une ville Steampunk en pleine construction, vissée sur d’énormes engrenages qui rendent parfois les quartiers mobiles. Le coeur du système de jeu vient d’un jeu de dés que j’ai créé il y a quelques années, qui s’appelait Nox. Le jeu étant trop cher à produire, et pas vraiment dans les tendances du marché, j’avais renoncé à lui trouver un éditeur.
Dans Noxford, à son tour un joueur peut jouer une de ses cartes Quartier (comportant un des sbires de son syndicat du crime), recouvrir une carte adverse (si le sbire recouvert est d’un rang inférieur), ou jouer un Quartier Neutre, qu’il faudra contrôler en fin de partie afin de marquer des points. Les cartes comportant des engrenages permettent de déplacer des cartes déjà en jeu, et les cartes de la Police viendront annuler les cartes qui leur sont adjacentes en fin de partie. Autant d’ingrédients qui font de Noxford un jeu très tactique, où le rythme est primordial, et où on a pas le droit à l’erreur.
Thématiquement, il faut encore une fois rendre hommage au travail de Maud Chalmel, qui en a sué pour produire un jeu magnifique, avec cette élégance si particulière qu’on retrouve dans toutes ses productions. Certes le jeu a des règles simples, il est donc plus mécanique qu’immersif, mais le supplément d’âme et d’univers que possède le jeu, c’est indéniablement à elle qu’on le doit.
Illustrations : Maud Chalmel
2-4 joueurs, 8 ans et +, 20-30mn