Recueil A Punchlines est un ouvrage regroupant 700 phrases parmi les plus percutantes de 30 ans de rap français. Ce compendium est édité par les Editions du Commun, une maison d’édition rennaise – dont le catalogue mérite par ailleurs que vous alliez y jeter un coup d’oeil. Un des fondateurs et gérant est un copain, qui m’a demandé si je pouvais faire un jeu tiré du recueil – idéalement un jeu qui tiendrait dans une petite boite, avec les punchlines sur les cartes.

L’idée initiale était d’en faire plus ou moins un jeu de Quizz – trouver qui a écrit telle punchline – mais il s’est vite avéré qu’il s’agirait d’un jeu de spécialistes. Moi-même, ma culture du genre s’arrête aux grands anciens que j’écoutais il y a 25 ans (Assassin, NTM, IAM…). Si le mode Quizz serait par ailleurs proposé dans la règle, il fallait trouver une autre façon de faire vivre et découvrir ces punchlines, de manière accessible. Après avoir griffonné quelques idées et être passé les tester auprès des collègues du GRAL, je suis parti sur un jeu créatif, où une partie de la punchline (souvent la chute) est « surlignée », et ne doit pas être prononcée (par le lecteur de celle-ci, qui sera également juge des propositions), afin que les autres joueurs proposent leur propre version en comblant les trous. Un système efficace et sans autre prétention, qui donne un petit party game un peu littéraire mais détendu, pour les amoureux de la saillie percutante.

Un peu plus tard dans l’année, j’ai préparé pour mes étudiants un cours sur l’histoire du jeu de société. J’y ai découvert le jeu des « cartes poèmes » basé sur l’Ogura hyakunin isshu, une anthologie de cent poèmes (de cent poètes différents, entre le VIIe et le XIIe siècles) constituée en 1235. Le jeu est formé de deux piles de 100 cartes, chaque carte de l’une comportant quelques vers d’un des cent poèmes, et l’autre la suite de ces vers. Certes ici il s’agit plus d’un jeu de connaissances, de mémoire – mais le cousinage entre les deux jeux, à 800 ans de distance, m’a fait sourire.